En France, l’achat d’un logement se fait souvent après le mariage et même après la naissance du ou des enfants. En Chine, les choses sont sensiblement différentes du moins au départ, la finalité étant assez proche. Pour un jeune Chinois, pouvoir se marier est bien moins lié à la rareté relative des jeunes filles qu’à deux éléments incontournables n’ayant que peu de rapport avec les sentiments qui unissent deux êtres. Ces deux étapes sont d’une part de posséder une voiture et d’autre part être propriétaire d’un logement.
Attention toutefois aux apparences trompeuses régulièrement colportées par certains médias occidentaux, car si ces deux éléments font partie de la corbeille offerte par le futur époux, leur absence n’empêche en rien la vie commune et parfois durant plusieurs années. Il arrive même que les deux tourtereaux squattent le logement d’une des deux familles alors qu’ils ne sont pas officiellement unis. Ceci peut paraître particulièrement surprenant lorsque l’on sait que ce sont justement les parents qui refusent de donner leur consentement tant que ces deux conditions matérielles ne sont pas réunies.
Pour des parents aux revenus modestes ou même moyens, offrir à son fils une voiture et un appartement sont le plus souvent très au-dessus de leurs moyens, ce d’autant que dans bien des cas ils ont emprunté pour acquérir ces deux « signes extérieurs de relative richesse ». Appliqué à la lettre, un jeune homme possédant un emploi même bien rémunéré devra ainsi attendre d’avoir atteint 40 ans pour espérer se marier, ce qui complique passablement les choses. Pourquoi 40 ans ? Parce que s’il est âgé de 25 ans et emprunte sur 15 ans pour acheter le logement, il en sera réellement propriétaire à 40 ans (25+15 pour ceux ayant quelques difficultés en calcul). Pour ce qui est de la voiture, un crédit est en principe étalé sur 5 ans, ce qui retarde là encore la date du mariage.
Heureusement pour les futurs mariés, les choses ne sont pas pensées de cette manière, ce qui évite que des millions de Chinoises soient filles-mères et autant de jeunes hommes célibataires à plus de quarante ans. Il suffit en effet au fiancé de pouvoir faire la preuve qu’il est propriétaire d’un logement et d’une voiture pour s’unir de manière officielle. Dès que la banque a accepté les prêts, les conditions sont considérées comme remplies, ce mode de fonctionnement expliquant le titre de cet article. Bien évidemment personne n’est dupe, mais les apparences sont sauvées. Il s’agit d’autant plus de se laisser croire que l’épouse va étroitement contribuer au remboursement de l’appartement et du véhicule en apportant une bonne partie de sa paye. C’est également une manière pour les parents de la jeune fille de s’assurer que l’union est solide et que le futur gendre présente une certaine crédibilité financière. Une banque ayant accepté de lui prêter une partie des fonds, la famille et les amis ayant également participé en financent tout ou partie des acomptes, cette confiance vient souligner une certaine forme de sociabilité de la part du futur mari.
La question qui se pose concerne le devenir de ces deux biens en cas de divorce. L’un et l’autre sont en effet au seul nom du mari alors que l’épouse a parfois largement participé à leur financement. Dans ce cas, ce sont les juges qui tranchent au cas par cas en prenant en compte la durée de l’union et la contribution effective de chacun des futurs ex-époux, ce alors que les titres de propriété sont au nom d’un seul des deux. De là à penser que certains couples retardent la procédure de divorce tant que le montant des remboursements n’a pas atteint un certain seuil de durée, il n’y a qu’un pas qui n’a rien d’irréaliste.