Chacun se soigne comme il peut, mais la vieille méthode Coué semble rester pour bien des Français un remède incontournable, bien que celui-ci soit loin d’avoir fait ses preuves. La Chine semblant pour certains être un genre de maladie, ils appliquent donc cette thérapie, tentant de trouver ici où là quelques adeptes de la même méthodologie.
Ces fans de Dany Boon et de son célèbre sketch « Je vais bien, tout va bien », se réunissent donc dans des lieux virtuels où sont célébrées de grandes messes dirigées par le « journaliste-gourou » du moment, et qui comme les curés prononcent son sermon à la fin de chaque célébration.
Cette bible virtuelle, vous pouvez en retrouver de larges extraits sur de nombreux blogs, que Google, le nouveau martyr de la Chine, se fera un plaisir de vous fournir. Reprenant en chœur ces hymnes à la joie de l’autosatisfaction, dont les titres finissent par devenir aussi célèbres que les plus connus des cantiques.
Parmi ces grands classiques, citons :
La bulle immobilière chinoise va exploser
L’économie chinoise va s’effondrer
Mais également ceux chantés à l’unisson sur des blogs dits spécialisés :
Les sites internet chinois sont mal faits
Les Chinois sont mauvais en marketing
Ou encore le très célèbre et devenu universel :
Ils ont encore trente ans de retard sur nous
Si ces divers chants ont un effet apaisant sur les consciences des adeptes, ils sont loin de guérir le mal, celui-ci trouvant son terrain de prédilection à l’intérieur même des corps, et ce, en raison d’une hygiène intellectuelle laissant à désirer. Telles certaines sectes qui interdisent la transfusion sanguine, alors que cette solution est la seule pouvant sauver le malade, ces adorateurs d’une époque révolue continuent à croire dans leur supériorité héritée, dont ils demeurent les deniers remparts face à une évidence difficilement contestable.
Le pire dans cette obstination à croire en ces vieilles croyances désuètes est que celles-ci ont par le passé fait la preuve de leurs totales inefficacités, comme lors de l’invasion des premiers produits japonais ou taïwanais, et même plus en arrière dans le temps, où les mêmes médias qu’aujourd’hui prédisaient une victoire éclair des forces françaises contre l’envahisseur nazi, le pays étant de toute manière protégé par la célèbre ligne Maginot, réputée infranchissable.
Pendant ce temps, le « virus chinois » poursuit sa lente contamination, nullement inquiété par ces incantations dignes des pratiques vaudou. Alors que dès le début de l’épidémie, il aurait été judicieux de se mettre à la recherche d’un vaccin efficace, les prédicateurs politiques et économiques ont utilisé les premiers symptômes à leurs seules fins, mettant en avant les dangers potentiels, tout en entretenant les foyers viraux, tant par leur prétention démesurée, que par un immobilisme complaisant, en supplément d’ une incapacité notoire à réagir et innover.
Si la situation est aujourd’hui grave, en attendant d’être désespérée en raison de cette obstination à être certain de son bon état de santé, ce n’est pas pour autant que nos experts et autres Nostradamus de l’économie tentent de trouver une solution, se contentant de nous annoncer avec orgueil des prévisions s’avérant bien souvent erronées, se retirant ensuite périodiquement de la scène médiatique, le temps de manger leur chapeau tels des moines reclus, mais jamais honteux.
La venue d’un messie n’étant pas visiblement à l’ordre du jour, tant les croyances en cette supériorité génétique sont grandes, et de plus entretenues par une classe politique en totale déliquescence intellectuelle, il ne reste plus à espérer que la maladie ne soit pas aussi nocive que la médication, celle-ci provoquant bien des nausées, malgré sa totale inefficacité.